Pendjab

«Quelque part dans la région du Pendjab»
Volet n°1 du triptyque édité Comme des arbres qui marchent.
Gravure et monotype sur tetrapak.

C’est le tout début de l’hiver.
Les maisons escaladent le fil des versants, comme posées en équilibre sur l’horizon vallonné.
Elles avancent, doucement, en bringuebalant. Les toits montent et descendent derrière la montagne, tels les chevaux irisés d’un manège géant.
C’est le début des migrations.
Eshana et tous les habitants alentour ont déraciné leurs pieds, leur maison et leur arbre.
Ils marchent avec tout ça sur le dos, guidés par les étoiles qui brillent le plus fort.
Ils vont repeupler un sol nouveau, ourler un autre versant, là-bas derrière le lointain.
Mais où qu’ils aillent, ils passent par ce sommet-là avant de partir pour ailleurs.
A chaque mousson, ils grimpent cette colline jusqu’aux deux figuiers, les deux époux Banian qui les attendent de pied ferme tout en haut.
Une fois à la première floraison, une autre fois au solstice qui célèbre le jour le plus court.

Extrait du texte Pendjab, Manuela Ferry